"Imaginez<...> que vous avez à faire bouillir une casserole
d'eau. Il faut pour cela mettre la casserole sur le feu et ne pas l'enlever
avant ébullition. Tandis que vous, vous faites monter la température à 40 ou 50
degrés et vous éteignez pour vous occuper d'autre chose. Quelque temps après,
vous vous souvenez de votre casserole et vous la mettez sur le feu sans songer
que l'eau a eu le temps de refroidir. Vous recommencez l'opération plusieurs
fois et, en fin de compte, excédé, vous vous apercevez que vous avez perdu votre
temps sans résultat et que vous avez considérablement diminué votre "tonus de
travail".<......>Plus la volonté et l'attention participent à ce
processus, plus les résultats sont spectaculaires. Plus la passivité et
l'inertie sont grandes, plus les délais d'étude s'allongent et presque
inévitablement l'intérêt faiblit." (Heinrich Neuhaus, l'art du piano, pp13-14)
"A propos de la technique. Plus le but apparaît clairement (contenu,
musique, perfection de l'exécution) plus le moyen de l'atteindre s'impose de
lui-même."(p. 12)
"Si j'avais à expliquer pourquoi la polyphonie m'est si chère, je
dirais que par des moyens propres à la musique s'y reflète l'unité du
particulier et du général, de l'individu et de la masse, de l'homme et de
l'univers. Les sons expriment la philosophie, l'éthique et l'esthétique
contenues dans cette unité. Cela fortifie le coeur et la raison. Quand je joue Bach je suis en accord avec le monde et le bénis." ( p. 139)Pour terminer:
Les enregistrements reproduisent si merveilleusement la musique qu'il
m'arrive de penser qu'un jour ils remplaceront le corps enseignant, les
professeurs s'effaçant devant la bande sonore, que l'on peut à volonté écouter,
arrêter ou faire répéter indéfiniment."(p. 227)