vendredi 14 décembre 2007

Visions fugitives



"Dans chaque vision fugitive, je vois des mondes
Pleins de jeux changeants et irisés"

Constantin Balmont

Ces deux vers du poète russe Constantin Balmont (1867-1942) ont inspiré à Prokofiev l'idée générale de ce cycle des Visions fugitives. Au nombre de vingt, elles sont comparables pour leur époque à ce que furent les Préludes de Chopin pour l'époque romantique: à la fois ébauches et oeuvres achevées**.

Je vous en propose deux extraits: (de mon CD Debussy/Prokofiev paru chez Atma)


-la septième, légèrement brumeuse, courte légende impressionniste et évocatrice de la harpe...


-la quatrième, très dense et mordante, comme un couteau acéré qui poursuit sa proie sur le clavier, grrrrr......


Alternant entre lyrisme, cynisme, humour et poésie, les Visions fugitives de Prokofiev constituent un "kaléidoscope de ses procédés d'expression artistique, d'écriture et de technique pianistiques." **
Bonne écoute!
**(Guide de la musique de piano et de clavecin, sous la direction de François-René Tranchefort pp 579-580)

dimanche 9 décembre 2007

Tierces alternées




Vendredi dernier, j'avais en tête ce Prélude de Debussy en tête tandis que je me promenais dans Paris...Est-ce la densité de la foule à laquelle je suis si peu habitué, ou la féerie des illuminations de Noël...Ou encore l'animation des conversations au hasard de mes haltes dans des cafés bondés...

Toujours est-il que Tierces alternées de Debussy m'a hanté toute la journée...

Écoutez Tierces Alternées, extrait de mon CD Debussy/Prokofiev, Atma Alcd 2 1009
photo de gauche: foule sous la pluie battante
photo de droite: métro Concorde

dimanche 2 décembre 2007

Szymanowski...plus de 30 secondes!!


Pour les habitué(e)s de mon blogue, vous êtes familiers avec mon habitude de n'offrir que des extraits de 30 secondes de musique sur mon site MySpace. Cette fois je brise le pattern; je vous offre un mouvement complet (le deuxième) de la Sonate en ré mineur pour violon et piano de Karol Szymanowski, que j'ai enregistrée il y a quelques années en compagnie du violoniste canadien d'origine hongroise Gyorgy Terebesi.


Cet Andantino tranquillo e dolce, assez "Scriabinien" à mon avis, est l'oeuvre d'un jeune homme de 22 ans qui cherche son propre langage à travers celui de maîtres qui l'ont précédé: Chopin (Szymanowski est polonais, quand même!), Brahms, Franck et même Schumann.


Une écriture souple, fluide, lyrique...qui touche une corde sensible chaque fois que je l'écoute!


...Écoutez cet extrait du deuxième mouvement de la Sonate en ré mineur pour violon et piano de Karol Szymanowski.

Extrait du CD "Musique slave" paru en 1999 chez Atma Classique, ACD 2 2178


Gyorgy Terebesi, violon
Michel Fournier, piano



mercredi 28 novembre 2007

Barber...Field...Nocturnes...


Il est 00:36...


Quoi de mieux que la nuit pour vous parler de Nocturnes.

En cette nuit froide de novembre, c'est dans le confort douillet de mon lit que j'écris ce court billet avant que le sommeil ne me rattrape....

Le Nocturne opus 33 de Samuel Barber, écrit en 1959, se veut un hommage à John Field, compositeur et pianiste irlandais qui serait l'"inventeur" (...) du Nocturne (en tout cas l'un des premiers à en composer, les publier et les interpréter, ce qui n'est pas rien). Le Nocturne de Barber se rapproche cependant davantage de l’esprit romantique d’un Nocturne de Chopin, à travers une écriture très riche et d’une grande intensité d’expression. Le début du Barber rappelle d'ailleurs l'introduction du Nocturne opus 27 no 1 (do dièse mineur) de Chopin. Il présente un contour mélodique ample et souple, sur un accompagnement suivant un chemin de modulations surprenantes, mais jamais choquantes.
Quant au Nocturne no 5 de John Field, il nous berce et nous caresse par son étonnante simplicité et sa mélodie très yin.

Écoutez ces extraits: Nocturne opus 33 de Samuel Barber; Nocturne no 5 de John Field.


Il est 01:24...

lundi 26 novembre 2007

Lang Lang, Chopin et une orange



Reçu hier de mon beau-frère Gilles...Découvrez l'étonnant Lang Lang dans une interprétation-choc de l'Étude "sur les touches noires" de Chopin...

Dans un autre registre, un autre extrait de mon CD à venir sur mon site 17:05...

vendredi 23 novembre 2007

Voyage à Paris




Deux visions, deux époques...



Avis aux
blogueurs/blogueuses pianistes d'outre-Atlantique: je serai à Paris du 5 au 11 décembre prochain. Si vous habitez Paris ou la région parisienne, et désirez une leçon particulière, un coaching, un atelier, faites-le moi savoir en m'écrivant à l'adresse suivante:
Bonne journée!
ps: bien ouvert aux p'tits crème autour d'une table de café aussi, idée de tilu;-)
...Dans un autre ordre d'idées, voyez ma trame hivernale, sur mon autre blog 17:05

mardi 20 novembre 2007

Mon grand-père musical

Découvert aujourd'hui cette capsule vidéo d'une classe de maître d'Alfred Cortot, le maître de celle qui fut mon professeur pendant 10 ans, Yvonne Hubert.

L'extrait présente Cortot en train d'interpréter et d'enseigner "Der Dichter spricht", extrait des Kinderszenen (Scènes d'enfants) opus 15 de Robert Schumann.

Un moment d'une grande beauté.

lundi 19 novembre 2007

...To Bill Evans...


Dans le dernier billet de mon blogue 17:05, j'avais évoqué ma brève incursion dans le monde du jazz sur mon CD à sortir bientôt. Je me suis également aventuré dans le monde de George Shearing, à travers une courte pièce intitulée "To Bill Evans", extraite d'un recueil de pièces-hommages (Jazz piano solos) à différents compositeurs de jazz: Dave Brubeck, Antonio Carlos Jobim, Dick Hyman, pour ne nommer que ceux-là.

Ce qui m'a séduit dans cet hommage à Bill Evans, c'est le côté "Séduction-New-York-fin-de-soirée-en-prenant-un-dernier-drink"...Et je laisse le reste à votre imagination!

Bien qu'en général le jeu de Bill Evans (extrait sur you tube) soit un peu plus percussif et "fond de clavier", (sans pour autant qu'il soit exempt de poésie, bien au contraire), j'ai préféré une sonorité ronde et moelleuse, plus "air" que "terre", dans un tempo visant à créer une atmosphère un peu alanguie, où le temps est presque immobile. Sur ce, à l'écoute, entendez ce que vous voulez bien!

Écoutez un extrait de ma version de "To Bill Evans" de George Shearing.

dimanche 18 novembre 2007

Semaine de la musique canadienne



"La musique mérite d’être la seconde langue obligatoire de toutes les écoles
du monde. "

Paul Carvel, écrivain et éditeur belge
(Citation découverte fortuitement sur le site Arts d'Essence)

crédit photo: Margie Feduck, Kangarookampus)



Hier samedi, j'ai eu le plaisir d'entendre les 3 récitals de piano présentés par l'APMQ (Association des Professeurs de Musique du Québec) dans le cadre de la semaine de la musique canadienne (voir info sur le site de l'APMQ). Ce récital mettait en vedette de jeunes pianistes qui avaient préparé pour l'occasion une oeuvre d'un compositeur canadien. Parmi les jeunes pianistes qui ont offert une prestation hier, j'avais la difficile tâche de choisir ceux et celles qui se produiront au Concert Gala samedi prochain 24 novembre à 19 heures, au Collège Regina Assumpta à Montréal.

À travers les nombreux jurys et ateliers que je donne régulièrement à travers le Canada, je suis toujours émerveillé de la qualité du travail accompli par nos jeunes musiciens, et le récital d'hier ne faisait pas exception. Partout je remarque la qualité d'implication et d'engagement de nos musiciens en herbe, et je salue les professeurs et parents qui soutiennent et encouragent leurs enfants. Rien ne se fait tout seul!

...Et je ne saurais trop souligner l'importance de l'enseignement de la musique, qui devrait faire partie de toute formation, au même titre que le français, les mathématiques, la géographie...

Que serait notre société sans la musique?




mercredi 14 novembre 2007

Improvisations


Entre la Sonate en si mineur de Chopin, un Nocturne (l'opus 62 no 1) et un Prélude et Fugue (fort acrobatique) de Bach-Liszt, oeuvres que je travaille vaillamment ces jours-ci, il m'arrive de m'épivarder (comme l'aurait dit ma mère) et de tenter quelques incursions dans le domaine de l'improvisation. Pour le classicaly trained nerd que je suis depuis maintenant plus de quarante ans (aïe aïe aïe), j'avoue que cette expérience m'a beaucoup plu, malgré des débuts quelque peu cahoteux. D'abord furtivement, timidement, j'ai tenté quelques accords que je me suis empressé de passer à la moulinette de mon implacable jugement de pianiste et pédagogue aguerri...(ça n'a pas de substance, c'est n'importe quoi, tu imites qui là? ça a déjà été fait, et cent fois mieux que tu ne peux le faire,) et autres joyeusetés aussi encourageantes et positives.

J'ai passé le cap de l'auto flagellation et...j'ai commencé à y prendre plaisir. J'ai simplement laissé aller mes doigts, j'ai fermé les yeux (de toute façon je joue toujours les yeux fermés) et mon cerveau a miraculeusement déclaré forfait pour simplement...être, exister, faire de la musique, vivre le moment présent...J'ai assez aimé l'expérience pour que renaisse le désir de recommencer...

L'improvisation m'a révélé un nouveau plaisir...et c'est pourquoi je vais récidiver sans hésitation!

Pour venir à bout de l'auto-jugement, c'est tout simplement incontournable!

samedi 10 novembre 2007

La Sonate en si mineur de Chopin


Que voilà un sujet bien vaste pour un court article!


Une oeuvre que je suis en train de travailler et de redécouvrir, après plusieurs années où j'ai laissé cette oeuvre de côté. J'ai un plaisir extrêmement sensuel à modeler le phrasé du second thème, alors que l'énergie rythmique presque militaire des premières mesures me procure un plaisir presque sauvage...Une oeuvre d'une densité telle que chaque modulation, chaque transition me provoque une émotion nouvelle. Je suis toujours surpris à quel point de tels chefs-d'oeuvres ne livrent leurs secrets qu'au prix d'une maturité chèrement acquise...C'est là tout le mystère de ces grandes oeuvres. Je suis convaincu que je pourrais vivre 150 ans et découvrir de nouvelles facettes de cette oeuvre. C'est comme si elle devenait un prisme qui reflète ma réalité et ma capacité de compréhension actuelle. J'évolue, je découvre de plus en plus.


Une version à découvrir, par Ivo Pogorelic (Japon 1983)...d'une grande force et d'une immense poésie.


dimanche 4 novembre 2007

Les musiciens de demain....Quelques photos d'un week-end inoubliable!












































































La semaine dernière, j'étais invité à donner quelques cours et ateliers au "Kangaroo Kampus" à Sherkson en Ontario. Mon amie Margie est une inspiration pour tous ceux qui ont la chance de la côtoyer...Je la surnomme la "Maria von Trapp" du piano. Son plus grand mérite est sans doute celui de faire de chaque cours et de chaque atelier une véritable fête! Pour les enfants qui fréquentent cette école de musique, un bonheur irradie de chacun d'eux, et on sent la joie de créer et de faire de la musique. L'un des moments forts de ce week-end intensif fut certainement l'atelier consacré aux enfants de 4 à 6 ans, à qui j'ai eu le privilège de faire découvrir quelques trésors du répertoire pour piano, et quelques exemples des possibilités infinies de cette boîte à secrets qu'est le piano.. Quelques photos de ce week-end inoubliable!

Last week, I was invited to give lessons and workshops at Kangoroo Kampus in Sherkston,Ontario. My friend Margie is an inspiration for all those who have the chance to know her...I call her the "Maria von Trapp" of the piano (for those old enough to have seen the movie "The sound of Music":-)). With her, each lesson, each workshop is a real treat! The kids of "Kangarookampus" are happy and they all love music, I can just feel the pure joy of "making it happen"! One of the greatest moments of this week-end was certainly the workshop dedicated to the very young kids, to whom I had the privilege to make them discover a few treasures of the piano repertoire, and a few examples of the infinite possibilities of this "box of secrets" called a piano....Have a look to a few photos of this unforgettable week-end!




dimanche 21 octobre 2007

Children's Corner


En furetant sur you tube, je suis tombé sur cet extrait vidéo d'Alfred Cortot jouant le premier morceau de la suite "Children's Corner" de Claude Debussy; Doctor Gradus ad Parnassum.

Sans doute l'un des premiers vidéoclips, comme quoi on n'a rien inventé!!

http://fr.youtube.com/watch?v=VebxgCgKw2E

Publiée avec une couverture dessinée par Debussy lui-même et dédiée à sa fille Chouchou, la suite Children's Corner constitue une sorte de parenthèse entre les Images et les Préludes. Six courts tableaux alliant émotion, humour et sensibilité. Tout comme pour les Scènes d'enfants de Schumann, il ne s'agit pas de pièces entantines, mais plutôt d'oeuvres qui présentent le regard d'un adulte sur le monde de l'enfance, des "souvenirs de personnes qui ont grandi" (pour citer Schumann).

Le raffinement, la subtilité et l'humour pince-sans-rire (par exemple les citations wagnériennes de Golliwogg's cake-walk) de Children's Corner exigent une maturité expressive et un toucher subtil de la part de l'exécutant. Toutefois, leur valeur pédagogique est loin d'être à négliger pour aborder le monde de Debussy. Les pièces sont de structure simple, techniquement accessibles et constituent une première ouverture au monde de Debussy.

Pour en savoir davantage, je vous recommande le "Guide de la musique de piano et de clavecin(pp304-306), réalisé sous la direction de François-René Tranchefort (Éditions Fayard).

vendredi 12 octobre 2007

Schubert...Impromptu D 899 no 3



Je ne me lasse pas de cet Impromptu D899 no 3 de Franz Schubert.


C'est une pièce qui m'a accompagné tout au long de ma vie...


Je vous propose une interprétation de Vladimir Horowitz (à Vienne). Ce qui me plaît dans cette interprétation, c'est la qualité quasi percussive de la mélodie et l'accentuation très prononcée des basses, toujours au seuil du tolérable...Mais on l'accepte! La passion est intense mais contenue...Le son est remarquablement concentré et la gestuelle toujours au service du phrasé.


C'est une interprétation très riche et très originale.


Écoutez bien les cloches d'une église viennoise qui sonnent (c'est un concert en direct!), c'est tout à fait dans l'esprit!

vendredi 5 octobre 2007

Sonate d'automne



Les coloris incroyables qui m'entourent en cette saison me ramènent invariablement à Debussy...En ce week-end octobrement estival, je vous invite à écouter (sur mon site Myspace music), mon interprétation de Feuilles Mortes de Debussy, une version enregistrée sous étiquette Atma 1000 (ALCD 2-1009).

Bonne écoute, bon week-end de l'Action de Grâces.

mercredi 19 septembre 2007

Ménage, casseroles et citations



Parfois faire du ménage a du bon.


C'est ainsi que je me suis retrouvé accroupi dans mon sous-sol, redécouvrant quelques bouquins achetés il y a des lunes...Comme par exemple L'art du piano de Heinrich Neuhaus*(le site est un peu échevelé et la mise en page tonitruante, mais mérite tout de même une visite, ne serait-ce que pour la courte biographie et les quelques photos). Ce livre, que l'on parcourt en ayant l'impression que le professeur Neuhaus nous parle personnellement, m'avait ouvert des portes aux horizons infinis alors que j'étais dans la jeune vingtaine...


Voici quelques extraits glanés au fil de ma relecture.


Lisez ceci:


"Imaginez<...> que vous avez à faire bouillir une casserole
d'eau. Il faut pour cela mettre la casserole sur le feu et ne pas l'enlever
avant ébullition. Tandis que vous, vous faites monter la température à 40 ou 50
degrés et vous éteignez pour vous occuper d'autre chose. Quelque temps après,
vous vous souvenez de votre casserole et vous la mettez sur le feu sans songer
que l'eau a eu le temps de refroidir. Vous recommencez l'opération plusieurs
fois et, en fin de compte, excédé, vous vous apercevez que vous avez perdu votre
temps sans résultat et que vous avez considérablement diminué votre "tonus de
travail".<......>Plus la volonté et l'attention participent à ce
processus, plus les résultats sont spectaculaires. Plus la passivité et
l'inertie sont grandes, plus les délais d'étude s'allongent et presque
inévitablement l'intérêt faiblit." (Heinrich Neuhaus, l'art du piano, pp13-14)



Ou encore:


"A propos de la technique. Plus le but apparaît clairement (contenu,
musique, perfection de l'exécution) plus le moyen de l'atteindre s'impose de
lui-même."(p. 12)



À saveur plus philosophique:


"Si j'avais à expliquer pourquoi la polyphonie m'est si chère, je
dirais que par des moyens propres à la musique s'y reflète l'unité du
particulier et du général, de l'individu et de la masse, de l'homme et de
l'univers. Les sons expriment la philosophie, l'éthique et l'esthétique
contenues dans cette unité. Cela fortifie le coeur et la raison. Quand je joue Bach je suis en accord avec le monde et le bénis." ( p. 139)

Pour terminer:

Les enregistrements reproduisent si merveilleusement la musique qu'il
m'arrive de penser qu'un jour ils remplaceront le corps enseignant, les
professeurs s'effaçant devant la bande sonore, que l'on peut à volonté écouter,
arrêter ou faire répéter indéfiniment."(
p. 227)

On pourrait savoir comment on fait, professeur??

________________________________________________


*Neuhaus, Heinrich: l'Art du piano, Éditions Van de Velde, 1971



samedi 15 septembre 2007

Extraits sonores de mon album CD 17:05 et publication d'un article dans la "Muse Affiliée"



Vous trouverez ici des extraits sonores de mon album CD 17:05 (qui paraîtra en novembre).

Consultez mon blog 17:05 pour plus de détails...

À paraître bientôt dans le prochain numéro de la Muse Affiliée:

"PROFESSEUR DE PIANO, OPUS 1 NO 1: un article qui s'adresse aux professeurs de piano qui débutent dans le métier.

À bientôt!

mercredi 29 août 2007

Étude op. 1 no 1


Septembre 2007. Je débute comme professeur...J'attends un nouvel élève d'ici quelques minutes. Mon coeur bat la chamade...Serai-je à la hauteur? Ça y est, le voilà!



Idéalement, le premier cours devrait être l'occasion de prendre contact, de s'apprivoiser et de vérifier les objectifs d'apprentissage, les attentes l'un envers l'autre. Bien entendu, l'approche sera différente selon qu'il s'agit d'un enfant, un ado ou un adulte. Mais l'expérience m'a démontré qu'un premier contact réussi constitue un pas vers une expérience satisfaisante de part et d'autre.

Dans le cas d'un enfant, il sera bon d'avoir discuté avec les parents avant la première rencontre. Il est important que ceux-ci aient une idée de votre approche de l'enseignement, vos attentes quant à la pratique quotidienne, leur degré d'implication, l'importance de la régularité et la constance...Et il est important qu'eux vous fassent part de leurs objectifs, afin de voir si vous êtes sur la même longueur d'ondes (je me souviens avoir discuté avec le parent d'un élève potentiel qui me demandait de lui "garantir" que son petit chouchou débutant puisse jouer Casse-Noisette pour décembre...)

Sans commentaire.

Bref, important de se connaître un peu et d'établir une concordance quant aux objectifs visés, et d'expliquer sommairement en quoi consiste l'apprentissage de la musique, le cas échéant.

Il est bon qu'un parent soit présent lors des quelques premiers cours d'un enfant. Cela lui permet de comprendre ce qui se passe, crée un lien de confiance et favorise une plus grande implication dans la pratique quotidienne.

Avant de plonger directement dans l'action du cours, parlez avec l'enfant, faites connaissance avec lui, faites-le parler et s'exprimer, vous aurez une idée du style d'intervention et d'interaction les plus gagnants et efficaces...Essayez de cerner ses points forts et utilisez-les comme point de départ pour stimuler l'intérêt et la motivation. Une facilité en lecture? Nourrissez-le de nouveau matériel! Une souplesse hors-norme? Créez de exercices mettant en valeur cette particularité. Un lyrisme potentiel? Faites-le composer de courtes mélodies!

Les apprentissages plus ardus passeront plus facilement si votre élève prend confiance à travers une mise en valeur de ses points forts.

À suivre...

lundi 13 août 2007

"C'est avec des cennes qu'on fait des piasses"



L'objectif qui justifie notre job de prof (et qui est en fait notre raison d'être...) : le progrès de nos élèves. Rien de plus frustrant que de faire du "sur place" (voir le précédent article consacré à la motivation)...
Je me suis souvenu ce matin d'un jeune pianiste à qui je donnais un cours, et qui m'a candidement demandé: toi, tu pratiques combien de temps par jour pour devenir meilleur prof?

Heu.....

J'ai donc pris l'habitude de tenir un journal (c'est fou ce que j'aime écrire!) qui me permet au jour le jour de mieux cerner mes forces et mes faiblesses, et ainsi améliorer mon style d'intervention. Si l'envie vous prend de mettre sur papier vos états d'âme et vos libérer de vos frustrations quotidiennes de professeur, c'est certainement très thérapeutique...Mais concrètement, voici quelques pistes qui m'ont aidé à enseigner plus efficacement:

- Ai-je une vision claire des progrès à accomplir avec mon élève?
- Suis-je satisfait de son rendement?
- Y a-t-il eu un progrès notable par rapport au cours précédent?
- Puis-je préciser la nature exacte de ce progrès?
- Ai-je déterminé de façon claire des objectifs précis pour le prochain cours, et lui en ai-je fait part clairement?
- Ai-je donné à mon élève une appréciation claire de son rendement, à la fin du cours?

C'est avec de cennes qu'on fait des piasses, et c'est par de petits progrès réguliers qu'on atteint des objectifs que l'on n'aurait jamais cru réalisables...

À suivre!




lundi 6 août 2007

La motivation a bien meilleur goût...Ou comment l'envie d'un café chez Starbucks m'aide à me lever le matin!



Lundi matin. J'ouvre les yeux et il fait sombre. Vais-je rester couché? Bof. Je dois passer à la banque, aller chez le dentiste, régler un problème avec Revenu Canada.

Bon je reste couché.

Puis ma pensée va vers les petites récompenses que je vais m'offrir: une pause-café chez Starbucks, le dernier épisode de "6 feet under", un muffin au chocolat, le dernier CD de Lang Lang...

Ok, je me lève!

Il en va de même pour nos chers élèves...Qu'est-ce qui fait qu'il vont s'asseoir au piano et y passer les quelques heures quotidiennes prescrites?

La réponse est simple: selon leur degré de motivation. Voilà qui nous avance beaucoup.

Mais comment nourrir cette fameuse motivation?

C'est quelque chose qui se règle rapidement et avec beaucoup de bon sens (bien que l'universitaire que je suis aurait tendance à dire que la problématique est beaucoup plus complexe et qu'il faudrait y consacrer une brique de 1000 pages...que je n'écrirai pas parce que je manque de motivation...)

Voici quelques pistes:

1. On travaille mieux et plus efficacement quand on a un projet stimulant et une échéance précise pas trop éloignée dans le temps.

2. On travaille mieux et plus efficacement quand on s'accorde une récompense après la période de travail. (J'ai plus de plaisir à visionner mon film ou déguster mon café après avoir mené à bien mes tâches...Sinon la culpablilité et autres sentiments douteux viennent gâcher mon plaisir...)

3. L'appétit vient en mangeant...Quand on crée un équilibre sain entre travail et récompense, le travail devient en soi un moment agréable qui suscite une réaction positive et stimulante. Pensez à l'effort que vous demande parfois la préparation d'une expédition de vélo ou de ski, et à l'envie de tout balancer et de rester à la maison...et une fois sur la piste, on se dit "wow! C'est ça la vie, je n'aurais pas voulu manquer ça...Quel plaisir!!"

4. Quand le travail devient en soi la récompense...donnez-moi votre recette, je n'y suis pas encore.


Des questions?

jeudi 2 août 2007

Élaborer un répertoire pour mes élèves pianistes


Levé dès l'aube ce matin, le pédagogue reprend du service, café en main! L'avant-midi a été consacré à la recherche de répertoire pour quelques élèves, dont une toute nouvelle très douée et à la personnalité fort intéressante! La recherche de répertoire est toujours une occasion pour moi de me recentrer sur mon rôle de pédagogue, après quelques semaines de relâche.

Alors go!

L'élaboration d'un programme pour ses élèves est une étape cruciale et importante, puisqu'il s'agit de déterminer des pièces avec lesquelles le maître et l'élève vivront pendant plusieurs mois (il est donc plus sage de ne jamais choisir une oeuvre qui nous tape sur les nerfs, ou qui réveille en nous des déjà-vu qu'on souhaite laisser dans l'ombre)... Les objectifs visés: le progrès musical et technique, un haut niveau de motivation, le plaisir de découvrir de nouvelles facettes de l'artiste en soi (artiste-en-l'élève), à travers l'exploration et la découverte de répertoire nouveau.

Il s'agit donc de construire pour chaque élève un répertoire équilibré en matière de styles, d'époques et de caractères. On doit avant tout tenir compte de son tempérament, de ses "coups de coeur" et bien sûr, de son niveau musical et technique. L'ensemble du répertoire doit constituer pour l'élève un défi à sa portée.

Le répertoire idéal devrait inclure au moins une pièce qui correspondrait peu ou pas à ses affinités naturelles (par exemple un Nocturne de Field à un adolescent fougueux de 15 ans croulant sous la testostérone, ou les Suggestions diaboliques de Prokofiev à un "nerd" timide et renfermé), afin de lui permettre de développer de nouvelles facettes, et de travailler sur ses lacunes musicales et techniques (tout le monde en a!). Le niveau technique de l'ensemble du répertoire devrait être légèrement supérieur au niveau actuel de l'élève. Il faut se méfier des grandes ambitions (du maître et de l'élève), sans toutefois verser dans une prudence excessive. Le "défi raisonnable" constitue à coup sûr un gage de motivation et de succès dans l'apprentissage. Dans le cas d'un répertoire trop simple, la motivation et le progrès seront insuffisants, alors qu'un répertoire trop difficile affectera de la même façon la motivation et la confiance en soi. De plus, lorsque le défi technique est insurmontable, la tension et la raideur s'installent et peuvent provoquer des tendinites et autres blessures tout aussi réjouissantes. (Sans compter les blessures d'amour-propre du prof et de l'élève:-))

Il ne faut pas oublier non plus la configuration de la main, la capacité de projeter le son, la maturité, le degré d'aptitude à gérer des structures complexes...

Bref, le choix d'un répertoire est une tâche extrêmement intéressante, mais qui requiert beaucoup de vigilance et de doigté...En général, je commence par écrire tout le répertoire qui me vient spontanément à l'esprit; ensuite j'élabore 2 ou 3 possibilités de programme, je laisse mûrir une journée ou deux...

Avec mes élèves plus avancés, je les incite à construire eux-même leur programme, (c'est excellent pour leur culture musicale) alors que je fais la même chose de mon côté...On compare, on discute et cela donne en général un résultat très satisfaisant qui font du maître et de l'élèves deux protagonistes heureux et motivés pour de longs mois!

Le blogue du pédagogue


Ma passion de la musique, ma passion de l'enseignement et de la pédagogie du piano et mon besoin irrésistible d'écrire et de partager mes réflexions m'amènent tout naturellement à créer ce blogue consacré à la pédagogie du piano.

Loin de vouloir en faire un outil didactique, je souhaite d'abord et avant tout partager une passion, à travers les réflexions (et parfois les interrogations..)de trente années d'enseignement du piano. En plus, l'écriture est un médium précieux qui m'aide beaucoup à approfondir et préciser ma pensée.

J'ai toujours eu un grand plaisir à enseigner et à exercer mon métier de pianiste...Et je me suis toujours dit que le jour où la passion et le plaisir n'y seraient plus, je passerais à autre chose. Bien sûr, j'ai vécu des périodes où le coeur n'y était plus, j'ai vécu les inévitables périodes de questionnement et les doutes...Mais la passion est toujours revenue en force, et ces épisodes de vie me rappellent ces passages musicaux où, pour donner plus d'impact à un crescendo, on le commence plus pianissimo...

Ce feu qui m'anime, j'aimerais le transmettre à travers ces courtes réflexions que je vous propose au fil des jours...

J'espère que vous aurez autant de plaisir à lire que j'en ai à écrire...