mercredi 19 septembre 2007

Ménage, casseroles et citations



Parfois faire du ménage a du bon.


C'est ainsi que je me suis retrouvé accroupi dans mon sous-sol, redécouvrant quelques bouquins achetés il y a des lunes...Comme par exemple L'art du piano de Heinrich Neuhaus*(le site est un peu échevelé et la mise en page tonitruante, mais mérite tout de même une visite, ne serait-ce que pour la courte biographie et les quelques photos). Ce livre, que l'on parcourt en ayant l'impression que le professeur Neuhaus nous parle personnellement, m'avait ouvert des portes aux horizons infinis alors que j'étais dans la jeune vingtaine...


Voici quelques extraits glanés au fil de ma relecture.


Lisez ceci:


"Imaginez<...> que vous avez à faire bouillir une casserole
d'eau. Il faut pour cela mettre la casserole sur le feu et ne pas l'enlever
avant ébullition. Tandis que vous, vous faites monter la température à 40 ou 50
degrés et vous éteignez pour vous occuper d'autre chose. Quelque temps après,
vous vous souvenez de votre casserole et vous la mettez sur le feu sans songer
que l'eau a eu le temps de refroidir. Vous recommencez l'opération plusieurs
fois et, en fin de compte, excédé, vous vous apercevez que vous avez perdu votre
temps sans résultat et que vous avez considérablement diminué votre "tonus de
travail".<......>Plus la volonté et l'attention participent à ce
processus, plus les résultats sont spectaculaires. Plus la passivité et
l'inertie sont grandes, plus les délais d'étude s'allongent et presque
inévitablement l'intérêt faiblit." (Heinrich Neuhaus, l'art du piano, pp13-14)



Ou encore:


"A propos de la technique. Plus le but apparaît clairement (contenu,
musique, perfection de l'exécution) plus le moyen de l'atteindre s'impose de
lui-même."(p. 12)



À saveur plus philosophique:


"Si j'avais à expliquer pourquoi la polyphonie m'est si chère, je
dirais que par des moyens propres à la musique s'y reflète l'unité du
particulier et du général, de l'individu et de la masse, de l'homme et de
l'univers. Les sons expriment la philosophie, l'éthique et l'esthétique
contenues dans cette unité. Cela fortifie le coeur et la raison. Quand je joue Bach je suis en accord avec le monde et le bénis." ( p. 139)

Pour terminer:

Les enregistrements reproduisent si merveilleusement la musique qu'il
m'arrive de penser qu'un jour ils remplaceront le corps enseignant, les
professeurs s'effaçant devant la bande sonore, que l'on peut à volonté écouter,
arrêter ou faire répéter indéfiniment."(
p. 227)

On pourrait savoir comment on fait, professeur??

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*Neuhaus, Heinrich: l'Art du piano, Éditions Van de Velde, 1971



3 commentaires:

Anonyme a dit…

L'art du piano de Nehaus...
un must dans ma partithèque
au même titre que les analyses fabuleuses de Dommel-Dieny (j'enseigne aussi depuis trente ans (sourire) le piano et le chant...)

Heureuse de découvrir votre existence!

Michel a dit…

Et ravi de vous connaître!

Au plaisir de vous lire!

Anonyme a dit…

Ah !... L'art du piano ! Ce fut ma bible lorsque j'étais étudiante, confié par mon professeur. J'étais jeune et je ne comprenais pas tout de ce qu'il voulait me transmettre à travers cette lecture. J'y suis revenue quelques années plus tard, lorsque j'ai commencé à enseigner, avec un regard plus éclairé et surtout en quête de réponses à mes nombreuses questions sur la technique pianistique. Un peu écorné, très anoté, laissant échapper quelques feuilles, il est resté pour moi un livre de référence en matière d'analyse du mouvement, pour une meilleure compréhension et une meilleure transmission.

Heureuse aussi de parcourrir votre blog.
(une collègue de La Muse ;-) )