mercredi 29 août 2007

Étude op. 1 no 1


Septembre 2007. Je débute comme professeur...J'attends un nouvel élève d'ici quelques minutes. Mon coeur bat la chamade...Serai-je à la hauteur? Ça y est, le voilà!



Idéalement, le premier cours devrait être l'occasion de prendre contact, de s'apprivoiser et de vérifier les objectifs d'apprentissage, les attentes l'un envers l'autre. Bien entendu, l'approche sera différente selon qu'il s'agit d'un enfant, un ado ou un adulte. Mais l'expérience m'a démontré qu'un premier contact réussi constitue un pas vers une expérience satisfaisante de part et d'autre.

Dans le cas d'un enfant, il sera bon d'avoir discuté avec les parents avant la première rencontre. Il est important que ceux-ci aient une idée de votre approche de l'enseignement, vos attentes quant à la pratique quotidienne, leur degré d'implication, l'importance de la régularité et la constance...Et il est important qu'eux vous fassent part de leurs objectifs, afin de voir si vous êtes sur la même longueur d'ondes (je me souviens avoir discuté avec le parent d'un élève potentiel qui me demandait de lui "garantir" que son petit chouchou débutant puisse jouer Casse-Noisette pour décembre...)

Sans commentaire.

Bref, important de se connaître un peu et d'établir une concordance quant aux objectifs visés, et d'expliquer sommairement en quoi consiste l'apprentissage de la musique, le cas échéant.

Il est bon qu'un parent soit présent lors des quelques premiers cours d'un enfant. Cela lui permet de comprendre ce qui se passe, crée un lien de confiance et favorise une plus grande implication dans la pratique quotidienne.

Avant de plonger directement dans l'action du cours, parlez avec l'enfant, faites connaissance avec lui, faites-le parler et s'exprimer, vous aurez une idée du style d'intervention et d'interaction les plus gagnants et efficaces...Essayez de cerner ses points forts et utilisez-les comme point de départ pour stimuler l'intérêt et la motivation. Une facilité en lecture? Nourrissez-le de nouveau matériel! Une souplesse hors-norme? Créez de exercices mettant en valeur cette particularité. Un lyrisme potentiel? Faites-le composer de courtes mélodies!

Les apprentissages plus ardus passeront plus facilement si votre élève prend confiance à travers une mise en valeur de ses points forts.

À suivre...

lundi 13 août 2007

"C'est avec des cennes qu'on fait des piasses"



L'objectif qui justifie notre job de prof (et qui est en fait notre raison d'être...) : le progrès de nos élèves. Rien de plus frustrant que de faire du "sur place" (voir le précédent article consacré à la motivation)...
Je me suis souvenu ce matin d'un jeune pianiste à qui je donnais un cours, et qui m'a candidement demandé: toi, tu pratiques combien de temps par jour pour devenir meilleur prof?

Heu.....

J'ai donc pris l'habitude de tenir un journal (c'est fou ce que j'aime écrire!) qui me permet au jour le jour de mieux cerner mes forces et mes faiblesses, et ainsi améliorer mon style d'intervention. Si l'envie vous prend de mettre sur papier vos états d'âme et vos libérer de vos frustrations quotidiennes de professeur, c'est certainement très thérapeutique...Mais concrètement, voici quelques pistes qui m'ont aidé à enseigner plus efficacement:

- Ai-je une vision claire des progrès à accomplir avec mon élève?
- Suis-je satisfait de son rendement?
- Y a-t-il eu un progrès notable par rapport au cours précédent?
- Puis-je préciser la nature exacte de ce progrès?
- Ai-je déterminé de façon claire des objectifs précis pour le prochain cours, et lui en ai-je fait part clairement?
- Ai-je donné à mon élève une appréciation claire de son rendement, à la fin du cours?

C'est avec de cennes qu'on fait des piasses, et c'est par de petits progrès réguliers qu'on atteint des objectifs que l'on n'aurait jamais cru réalisables...

À suivre!




lundi 6 août 2007

La motivation a bien meilleur goût...Ou comment l'envie d'un café chez Starbucks m'aide à me lever le matin!



Lundi matin. J'ouvre les yeux et il fait sombre. Vais-je rester couché? Bof. Je dois passer à la banque, aller chez le dentiste, régler un problème avec Revenu Canada.

Bon je reste couché.

Puis ma pensée va vers les petites récompenses que je vais m'offrir: une pause-café chez Starbucks, le dernier épisode de "6 feet under", un muffin au chocolat, le dernier CD de Lang Lang...

Ok, je me lève!

Il en va de même pour nos chers élèves...Qu'est-ce qui fait qu'il vont s'asseoir au piano et y passer les quelques heures quotidiennes prescrites?

La réponse est simple: selon leur degré de motivation. Voilà qui nous avance beaucoup.

Mais comment nourrir cette fameuse motivation?

C'est quelque chose qui se règle rapidement et avec beaucoup de bon sens (bien que l'universitaire que je suis aurait tendance à dire que la problématique est beaucoup plus complexe et qu'il faudrait y consacrer une brique de 1000 pages...que je n'écrirai pas parce que je manque de motivation...)

Voici quelques pistes:

1. On travaille mieux et plus efficacement quand on a un projet stimulant et une échéance précise pas trop éloignée dans le temps.

2. On travaille mieux et plus efficacement quand on s'accorde une récompense après la période de travail. (J'ai plus de plaisir à visionner mon film ou déguster mon café après avoir mené à bien mes tâches...Sinon la culpablilité et autres sentiments douteux viennent gâcher mon plaisir...)

3. L'appétit vient en mangeant...Quand on crée un équilibre sain entre travail et récompense, le travail devient en soi un moment agréable qui suscite une réaction positive et stimulante. Pensez à l'effort que vous demande parfois la préparation d'une expédition de vélo ou de ski, et à l'envie de tout balancer et de rester à la maison...et une fois sur la piste, on se dit "wow! C'est ça la vie, je n'aurais pas voulu manquer ça...Quel plaisir!!"

4. Quand le travail devient en soi la récompense...donnez-moi votre recette, je n'y suis pas encore.


Des questions?

jeudi 2 août 2007

Élaborer un répertoire pour mes élèves pianistes


Levé dès l'aube ce matin, le pédagogue reprend du service, café en main! L'avant-midi a été consacré à la recherche de répertoire pour quelques élèves, dont une toute nouvelle très douée et à la personnalité fort intéressante! La recherche de répertoire est toujours une occasion pour moi de me recentrer sur mon rôle de pédagogue, après quelques semaines de relâche.

Alors go!

L'élaboration d'un programme pour ses élèves est une étape cruciale et importante, puisqu'il s'agit de déterminer des pièces avec lesquelles le maître et l'élève vivront pendant plusieurs mois (il est donc plus sage de ne jamais choisir une oeuvre qui nous tape sur les nerfs, ou qui réveille en nous des déjà-vu qu'on souhaite laisser dans l'ombre)... Les objectifs visés: le progrès musical et technique, un haut niveau de motivation, le plaisir de découvrir de nouvelles facettes de l'artiste en soi (artiste-en-l'élève), à travers l'exploration et la découverte de répertoire nouveau.

Il s'agit donc de construire pour chaque élève un répertoire équilibré en matière de styles, d'époques et de caractères. On doit avant tout tenir compte de son tempérament, de ses "coups de coeur" et bien sûr, de son niveau musical et technique. L'ensemble du répertoire doit constituer pour l'élève un défi à sa portée.

Le répertoire idéal devrait inclure au moins une pièce qui correspondrait peu ou pas à ses affinités naturelles (par exemple un Nocturne de Field à un adolescent fougueux de 15 ans croulant sous la testostérone, ou les Suggestions diaboliques de Prokofiev à un "nerd" timide et renfermé), afin de lui permettre de développer de nouvelles facettes, et de travailler sur ses lacunes musicales et techniques (tout le monde en a!). Le niveau technique de l'ensemble du répertoire devrait être légèrement supérieur au niveau actuel de l'élève. Il faut se méfier des grandes ambitions (du maître et de l'élève), sans toutefois verser dans une prudence excessive. Le "défi raisonnable" constitue à coup sûr un gage de motivation et de succès dans l'apprentissage. Dans le cas d'un répertoire trop simple, la motivation et le progrès seront insuffisants, alors qu'un répertoire trop difficile affectera de la même façon la motivation et la confiance en soi. De plus, lorsque le défi technique est insurmontable, la tension et la raideur s'installent et peuvent provoquer des tendinites et autres blessures tout aussi réjouissantes. (Sans compter les blessures d'amour-propre du prof et de l'élève:-))

Il ne faut pas oublier non plus la configuration de la main, la capacité de projeter le son, la maturité, le degré d'aptitude à gérer des structures complexes...

Bref, le choix d'un répertoire est une tâche extrêmement intéressante, mais qui requiert beaucoup de vigilance et de doigté...En général, je commence par écrire tout le répertoire qui me vient spontanément à l'esprit; ensuite j'élabore 2 ou 3 possibilités de programme, je laisse mûrir une journée ou deux...

Avec mes élèves plus avancés, je les incite à construire eux-même leur programme, (c'est excellent pour leur culture musicale) alors que je fais la même chose de mon côté...On compare, on discute et cela donne en général un résultat très satisfaisant qui font du maître et de l'élèves deux protagonistes heureux et motivés pour de longs mois!

Le blogue du pédagogue


Ma passion de la musique, ma passion de l'enseignement et de la pédagogie du piano et mon besoin irrésistible d'écrire et de partager mes réflexions m'amènent tout naturellement à créer ce blogue consacré à la pédagogie du piano.

Loin de vouloir en faire un outil didactique, je souhaite d'abord et avant tout partager une passion, à travers les réflexions (et parfois les interrogations..)de trente années d'enseignement du piano. En plus, l'écriture est un médium précieux qui m'aide beaucoup à approfondir et préciser ma pensée.

J'ai toujours eu un grand plaisir à enseigner et à exercer mon métier de pianiste...Et je me suis toujours dit que le jour où la passion et le plaisir n'y seraient plus, je passerais à autre chose. Bien sûr, j'ai vécu des périodes où le coeur n'y était plus, j'ai vécu les inévitables périodes de questionnement et les doutes...Mais la passion est toujours revenue en force, et ces épisodes de vie me rappellent ces passages musicaux où, pour donner plus d'impact à un crescendo, on le commence plus pianissimo...

Ce feu qui m'anime, j'aimerais le transmettre à travers ces courtes réflexions que je vous propose au fil des jours...

J'espère que vous aurez autant de plaisir à lire que j'en ai à écrire...